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La besnoitiose : une maladie exotique bien installée en France

Parasite. Même si 80 à 95 % des bovins atteints sont asymptomatiques, la besnoitiose pose problème car elle est incurable.

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D’origine africaine, la besnoitiose est connue depuis l’Antiquité et s’est répandue en Europe à partir­ des années 1990. En France, elle s’est d’abord concentrée dans les départements du Sud puis s’est étendue à la quasi-totalité de l’Hexagone. Elle est aussi appelée­ « éléphantiasis » car les animaux atteints présentent une peau ressemblant à celle des éléphants.

Les mouches piqueuses favorisent la contagion

La besnoitiose est due à un parasite : Besnoitia besnoiti, transmis de bovin à bovin par l’intermédiaire des mouches piqueuses ou des taons mais aussi par le matériel utilisé pour les injections. Cette maladie n’est pas transmissible à l’homme (zoonose), n’engendrant donc pas de saisie des carcasses à l’abattoir.

La contamination se produit essentiellement au sein des cheptels et rarement par le voisinage de troupeaux, du fait que les mouches piqueuses et les taons parcourent peu de distance (moins de 300 mètres). C’est une maladie qui « s’achète ». Ainsi, le début de contamination d’un cheptel se fait lors de l’introduction d’un bovin porteur du parasite.

Dans 80 à 95 % des cas, les bovins atteints seront asymptomatiques. On ne sait pas très bien encore par quel mécanisme, mais on suppose que lors de la contamination, le système immunitaire agit pour que le parasite entre en forme latente et s’enkyste dans la peau. Ces animaux, même s’ils ne présentent pas de symptômes, constituent des réservoirs importants de parasites transmis par les insectes vecteurs. Si leur immunité faiblit, ces bovins « apparemment sains » peuvent développer une forme clinique, du fait d’une multiplication soudaine du parasite.

Dans 5 à 20 % des cas, les bovins contaminés présentent une forme clinique de la besnoitiose. Les parasites vont d’abord se multiplier dans les vaisseaux sanguins, c’est la phase aiguë, puis vont aller s’enkyster dans la peau et au sein d’autres organes (foie, rate, poumons, yeux, vulve…) : c’est la phase chronique. Quelle que soit la forme de la besnoitiose, une fois le parasite introduit dans l’organisme du bovin, celui-ci sera contaminé à vie, il n’y a pas de guérison possible. Voici le détail de la forme clinique de la besnoitiose, après une incubation d’une semaine environ.

La phase fébrile apparaît en premier, elle dure de trois à dix jours. Les bovins présentent de la fièvre (40-42°C) avec un abattement et une baisse d’appétit, ainsi que des signes respiratoires : conjonctivite avec jetage nasal clair, respiration rapide. La peau est chaude et congestionnée, parfois douloureuse. De la mortalité est possible à ce stade.

Ensuite apparaît la phase d’œdèmes d’une durée d’une à deux semaines. La température redevient normale. Des œdèmes apparaissent sur la face, les membres, les bourses (infertilité des mâles) ou les trayons (douleurs à la traite ou à la tétée). La peau, toujours congestionnée et douloureuse, s’épaissit.

Enfin, apparaît la phase chronique, environ cinq semaines après le début des symptômes.

La peau devient très plissée, très épaisse avec des dépilations. Des crevasses surviennent sur la tête, l’encolure et les membres, des kystes caractéristiques apparaissent au niveau des yeux. Les bovins s’amaigrissent, dépérissent, parviennent à survivre dans cet état ou finissent par mourir.

Le diagnostic est simple

Le diagnostic est facile à établir avec les signes cliniques caractéristiques de la maladie pour les animaux symptomatiques, mais il est préférable de le confirmer par analyse de laboratoire : suivant les stades de la maladie, recherche du parasite dans le sang ou dans la peau ou recherche des anticorps dans le sang ou dans le lait.

Il n’existe aucun traitement permettant de tuer le parasite. On peut uniquement soulager les signes cliniques à condition d’intervenir dès le début des symptômes. Aucun vaccin n’est autorisé en Europe et dans tous les cas, ils ne limitent que les formes graves ou les formes chroniques.

La solution réside surtout dans la prophylaxie. Dans les départements où la maladie sévit particulièrement, il est important de connaître le statut des cheptels (recherches d’anticorps par prise de sang sur les animaux de plus de 6 mois, ou sur le lait pour les troupeaux laitiers). Dans les cheptels infectés, la détection des animaux atteints (malades ou porteurs asymptomatiques) permet de conduire les animaux en lots (sains/contaminés) afin de mettre en place une réforme progressive. La lutte contre les mouches et les taons est importante (traitements, ainsi qu’utilisation de matériel d’injection à usage unique dans ces troupeaux). La recherche du parasite lors des achats, surtout si l’animal provient d’une zone très infestée­, reste une protection majeure pour éviter de faire entrer la maladie dans son troupeau. Les pertes économiques, telles que la mortalité (jusqu’à 10 %), les réformes anticipées, l’infertilité, les frais vétérinaires, sont difficilement chiffrables. Les GDS des départements très infectés proposent des aides à la maîtrise de cette maladie (réformes et frais d’analyses). Alors ouvrez l’œil, et ne laissez pas la besnoitiose envahir tranquillement votre cheptel.

© p.lecann - p.lecann

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